ARI Gymnase futsal de l’Ariane

  • Stade du projet Réalisé
  • Lieu L'Ariane, Nice, France
  • distinctions Lauréat Archi Design Club Awards 2017
    Shortlisté 40 meilleurs projets européens, EU Mies Awards 2017
    Exposition Biennale de Venise
  • programme Complexe sportif de quartier comprenant :
    - Aire de jeu couverte de futsal,
    - Gradins 160 places,
    - Bureaux associatifs,
    - Vestiaires,
    - Infirmerie,
    - Terrain multi-sports extérieur sur le toit
  • maitre d'ouvrage Ville de Nice
  • équipe de maitrise d'oeuvre BATISERF structure,
    CHOULET fluides et QE,
    BMF économie
  • surfaces 1 419 m² SDP
    + 1 000 m² de terrain en toiture
  • Photographies Aldo Amoretti

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Confins…

C’est la pointe de Nice. L’extrémité. Quand on a glissé sous le nœud de l’autoroute vers le nord et l’arrière-pays, qu’on a longé la berge délaissée du Paillon, qu’on a dépassé l’usine d’incinération, on est à l’Ariane.
Habiter à l’Ariane, c’est tout dire… Un joli nom pour un lieu vilipendé. Entre temps l’ANRU est passée par là, pour détruire, nettoyer, remodeler.
Notre projet se trouve à la proue de cette extrémité. Au-delà c’est Drap, la Trinité, autre chose : des villages de fond de vallée qui se sont agrandis mais qui ont gardé leur cœur. Pourtant à l’Ariane, tout est là pour se dire qu’on est toujours en ville : des rues, des alignements, des places, quelques commerces et un théâtre.
De l’autre côté du fleuve, une voie rapide cachée par des murs anti-bruit, puis la voie ferrée, la route, et une autre zone industrielle.

Programme…

Un élu a dit un jour que l’on ferait sur le parking aux carcasses abandonnées non pas une école de danse comme cela était prévu, mais un futsal -pour faire du football en salle-. Alors il y eu un concours, au programme un peu flou et ambigu : le futsal pourra peut-être muter en grande salle multi-sports en cours d’études.
Nous, nous voulions que cet équipement se pose en lien entre la ville et le fleuve, entre l’artificiel et la nature. Nous avons tout fait pour le placer perpendiculairement à la berge et à la rue… Le concours est gagné sur une ambiguïté en proposant, en complément du programme, un terrain sur le toit du futsal qui évacuerait toute velléité de modification de programme et d’implantation.

Méandres…

Pour instaurer ce lien nous avons travaillé en coupe et avons enterré la salle jusqu’à la cote la plus proche du plan de protection des risques d’inondation. Le sol du terrain se trouve alors à la côte des berges du Paillon, fleuve de cailloux aux méandres asséchés. Les ouvrages fluviaux, les endiguements aux formes brutes entrent en dialogue avec le projet.
Sur l’aire de jeu, on échappe à la ville, on est dans le lit de la rivière. Le projet peut se targuer d’être le seul équipement public de Nice à avoir un véritable rapport avec son fleuve. Pourtant c’est au niveau de la rue que l’on entre, en mezzanine. Depuis le parvis sur le boulevard par la façade vitrée, on voit les joueurs en contrebas, qui, à leur manière, participent à la vie du quartier, à l’intensité nouvelle de ce lieu qui était en attente de quelque chose…

Transversalité…

Dans la ville dense, les rues orientées Est/Ouest cadrent les versants arborés des collines. Etre à Nice c’est se trouver entre minéralité et nature.
Pourtant dans les vallées, l’urbanisme « corridor » qui borde les voies, empêche la vue vers le paysage proche. Le futsal ancré perpendiculairement au fleuve et à la rue, cautionne et illustre cette nécessité de pouvoir laisser glisser le regard de la rue au fleuve, du fleuve aux collines.

Résonance…

Au loin, les viaducs de l’autoroute franchissent allègrement les vallons et leurs piles s’adaptent aux versants abrupts. En toiture un péristyle en béton définit et clôt l’aire de jeu en plein air qui parle aux collines environnantes.
Le petit temple du sport met en écho sa structure coulée en place avec les ponts autoroutiers, et met en dialogue les jeunes joueurs de l’Ariane avec leur territoire et leur ciel.

Trame/drame…

Le béton, qui vient de la centrale toute proche, a été moulé pour parler au soleil de l’été et aux rayons bas de l’hiver.
Lisse à l’extérieur, tramé à l’intérieur, il fabrique la dramaturgie nécessaire à cet équipement qui se dresse désormais dans le quartier.
Les poutres précontraintes se retournent formant poteaux, qui parlent de trame, de rythme, de solidité…
Dur et doux à la fois, il se veut résistant mais accueillant pour tous ceux qui prendront du plaisir à frapper la balle, un œil sur les galets et les joncs du ripisylve.

Matière/pierre…

Né du sol, des alluvions charriées depuis la montagne, la matière béton se veut pierre, le plus vite possible, pour que sa place ne lui soit plus contestée.
Sa matière est issue des graviers du Paillon, son empreinte génétique est indissociable du lit de la rivière.

Narration…

« …Ils jouent face au fleuve, enfin redécouvert. L’eau s’écoule lentement. Les cris des enfants résonnent depuis la salle. Sous le soleil, la rue dort. Dans le contre-jour, furtivement, leurs mains se frôlent. Un chat  longe le grand mur. C’est l’été à l’Ariane… »