EMV_Ecole maternelle « les magnolias »

  • Stade du projet Réalisé
  • Lieu Villefranche-sur-Mer, France
  • programme programme public mixte comprenant :
    - école maternelle,
    - jardin d'éveil,
    - médiathèque,
    - site multisport
  • maitre d'ouvrage Ville de Villefranche-sur-Mer
    SIVOM de Villefranche-sur-Mer, maîtrise d'ouvrage déléguée
  • équipe de maitrise d'oeuvre COPLAN bet tce,
    CEC cuisine
  • mission Complète + Mobilier
  • surfaces 2 300 m² SHON
  • photographies Aldo Amoretti & Serge Demailly
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S’affranchir de la contrainte

Dans les quartiers résidentiels plutôt immobiles, l’installation d’un nouveau bâtiment est toujours une épreuve. La conception de la nouvelle école maternelle s’est déroulée dans un contexte hostile, sur une parcelle résiduelle à la géométrie astreignante et marquée par des règles urbaines inadaptées à l’insertion d’un équipement public. Notre désir fut alors d’échapper à la contrainte. Pour cela, nous avons convoqué, dans notre démarche de conception, à la fois des spatialités spécifiques associées à des solutions techniques innovantes.

Une posture analogue…

Le paysage de la rade de Villefranche est marqué par la présence forte de la citadelle Vauban et des restes des architectures portuaires. Les chemins de ronde habitent les infrastructures du rivage, les bâtiments linéaires rappellent à la darse son passé d’arsenal militaire. Nous avons tenté d’effectuer une synthèse entre une programmation évolutive de la petite enfance, des règles urbaines et une identité territoriale forte, pour concevoir un projet spécifique. Pour cela nous nous sommes appuyés sur deux piliers: structure et matérialité.

Construire en double pente…

De par la tyrannique géométrie préexistante, le bâtiment se trouve dès lors fortement et naturellement orienté. Le double dénivelé de cette parcelle vient compléter et complexifier la morphologie étirée, troublant ainsi la lecture du volume. Profitant de cette « coupe » naturelle du terrain, on dispose tête-bêche les cours de récréation des sections des tout-petits et des moyens, l’une vers la mer, l’autre vers la montagne. Puis, dans le sens longitudinal, le projet accompagne la pente légère, ménageant ainsi un décalage d’un demi-niveau entre les classes et les espaces partagés.

La promenade architecturale…

Comme un enjeu inassouvi lors des précédents projets, on s’est dit que, de par la faible pente longitudinale, on pouvait faire cheminer les enfants depuis la cour et le préau le plus bas jusqu’à la toiture accessible sans emprunter une volée d’escalier. A l’image d’un ruban replié sur lui-même, la circulation se mue en rampe douce, s’enroule autour du noyau central, devient poutre habitée, puis se loge dans la façade épaisse, offrant ainsi une vision cinétique du paysage proche. Plaqué entre les dalles épaisses, le vide qui accompagne leurs mouvements est réglé implacablement à une hauteur constante. Cette règle spatiale génère le glissement sans obstacle de l’œil et procure au corps un sentiment de fluidité. Par ce dispositif et l’importance donnée au déplacement et à la déambulation, par sa morphologie atypique, ce petit bâtiment semble vaste et sans limites.

De l’art et de l’usage de la « monomatière »…

La masse bâtie naît du terrain, telle l’extrusion calcaire du site, en écho aux murs Vauban qui coagulent avec la roche. Structure, enveloppe et matière se confondent alors pour ne créer qu’un seul vocabulaire, homogène : le béton clair. Il a été moulé pour répondre à tous les besoins, toutes les nécessités d’expression des parois du projet. Les parois bouchardées entrent en résonnance avec la pierre des carrières de la Turbie. Ainsi les sous-faces des plafonds en béton sont le fruit de matrices spécialement conçues et dessinées pour ce projet. Elles permettent ainsi de briser le son et minimiser l’écho. L’absence de plafonds suspendus au bénéfice de dalles épaisses et « grosses » des cheminements techniques, autorise ce continuum de la minéralité dehors et dedans.

Une tectonique de l’ambiguïté…

Le travail de synthèse complexe de cet édifice entre sol et ciel, a produit un oxymore architectural, que l’on pourrait qualifier à la fois de massif et de léger. Soulevé, soutenu par des voiles ou des pilastres qui rappellent à chaque instant la prééminence de la structure dans la logique générale de conception, le volume ménage des vides, des fentes, des creux, des abris. Ces « dessous », ces « dessus », ces « entre-deux » procurent des lieux d’ombre et de lumière, de fraîcheur où les programmes tels que les « dodos » peuvent trouver une place qui leur convient.

Une syntaxe codifiée…

Afin de pouvoir offrir des espaces évolutifs idéalement neutres dans une géométrie astreignante, nous avons imaginé des grandes portées, inhabituelles sur ce type de projets. Des franchissements allant de 17 à 24 mètres, libèrent des espaces sans entraves, propres à accueillir le second œuvre. Pour atteindre ces objectifs, une solution technique de planchers alvéolaires coulés en place reposant sur des voiles et des poteaux circulaires est mise en œuvre. La trame structurelle accompagne alors l’ambiguïté générale du projet, dictée par le refus de la contrainte géométrique, la recherche d’une spatialité spécifique et le séquençage des déplacements.